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Pour conclure je tiens à dire que je suis très loin de la vision du monde de mon personnage. Bon déjà je veux moi-même rentrer dans la police et puis ensuite bien que je sois consciente de la puissance et des manipulations des hauts de ce monde (cette formulation est très classe je tiens  à le préciser) je ne considère pas le monde comme complètement pourri et abjecte. Ok c'est la merde un peu partout mais il faut aussi savoir voir le positif. Bref je tenais juste à dire cela, sur ce.

Ok. L'inspiration a mit du temps à venir mais finalement je suis plutôt fière de moi. Cependant je ferais mes petits commentaires à la fin.

« On a trouvé des traces d'agressions sexuelles. Il s’est lâché c’était violent. Pauvre gosse. »

Il ne jeta qu’un bref coup d’œil au corps. Il n’en supportait pas la vision. Le gosse était pâle, maigre. Son visage défiguré par la peur et la douleur portait des traces de coups, et de diverses entailles. La légiste avait raison, le salop s'était lâché.

Ne pouvant supporter un instant de plus l’odeur âcre des désinfectants et le silence oppressant des lieux, il quitta la morgue. Dehors la pluie l’accueilli. Quelques minutes suffirent à coller ses vêtements sur sa peau. La sensation était désagréable mais il n’avait pas le choix. Alors, tout en sentant chaque centimètre de son corps s’imbiber d’eau, il prit le chemin du commissariat.

Là-bas, au milieu de la crasse et de l’air poisseux aux relents de tabac froid, il s'installa à son bureau, prit une clope et commença son rapport sur les premiers éléments de l’enquête. Et tout en écrivant il se demandait pourquoi il le faisait. À peine sera t’il arrivé sur le bureau de son supérieur que celui-ci le classera sans le lire dans un casier quelconque. L’enquête sera bâclée faute de preuves et de témoins et le gamin croupira dans la fosse commune sans personne pour le pleurer. Et quand bien même le coupable serait démasqué, il serait impossible de le choper. De toute façon le mioche vivait dans la rue depuis deux ans et avait été trouvé dans un squat délabré au milieu des restes de poudre et de seringues. Qui allait s’occuper de son cas? Certains diront qu’il le méritait, d’autres qu’on ne pouvait plus rien faire pour lui. Monde de merde. Il en était là, de ses réflexions quand il se rendit compte que le jour déclinait. Alors pesamment il prit son manteau détrempé et sortit. La pluie n’était plus qu’un crachin sale imbibé de rancœur. Quand il était entré dans la police à vingt-six ans plein d’espoirs de justice, il avait été fier de prouver à son père que les flics n’étaient pas tous pourris. Pendant des années il avait rit de la tête du paternel apprenant qu’il était devenu commissaire. Et dire qu’il avait nourri l’espoir que sons fils unique devienne le patron vénal qu’il était lui-même. Ah ! Il avait bien fermé sa gueule ce jour là ! Et sa mère... Cette sale manipulatrice qui utilisait l’argent que les naïfs lui confiaient pour sa pitoyable banque. Elle aussi l’avait fermé ! Son fils était la seule personne qu’elle n’avait jamais réussi à manipuler. Il connaissait toutes ses manœuvres pour obtenir ce qu’elle voulait. Du regard embrasé aux argumentations interminables, rien ne lui était inconnu.

Mais pourtant après dix ans, il avait du se rendre à l’évidence qu’il n’était rien et que finalement aucunes de ses actions n’avaient d’impact. Alors oui, il avait incarcéré des violeurs, et envoyer à perpétuité des tueurs mais le monde n’avait pas changé. Des gens se faisaient toujours violer ou tuer et certains comme ce gamin avaient droit à la double ration. Lui, tout commissaire qu’il était dans cette ville pourrie, n’était que le pantin de puissants qui jouaient avec le monde comme un morveux avec ses Legos. Comment en était-on arrivé là ? Répugné, il vomit. Pourquoi n’avions nous pas été capable de fonder une société juste ? Pourquoi ne se passait-il rien ? Pourquoi personne ne se révoltait ? Pourquoi est-ce que ce gamin devrait croupir sans la moindre attention ? Ce gamin qui pourrait être ce frère dont il a toujours rêvé. Pourquoi personne ne le vengerait ? C’est vrai ça, pourquoi n’aurait-il pas le droit d’être vengé pour ces horreurs qu’il avait dû subir ? Non, c’était stupide. Si quelqu’un faisait cela il ne vaudrait alors pas mieux que l’autre salop.

 

            Vraiment ? Il s’arrêta net.

Dans ce monde abject où justice n’avait de sens pour personne et où les valeurs et l’honneur étaient bafoués, ne valait-il pas mieux agir selon ses propre lois ? Venger le mioche ne lui permettrait-il pas de cracher au visage de tous ces souverains du monde moderne qui le méprisaient  lui et tous les autres ? Cracher à la gueule de ses parents qui avaient voulu le détruire ? Bien sur que si.

La nuit était tombée. Dans l’obscurité, sa décision était prise. Il allait trouver ce salop et le buter comme il l’avait fait avec le mioche.

 

 

            Un an. Cela faisait aujourd’hui un an qu’il s’était juré d’accomplir sa vengeance. Un an qu’il cherchait, qu’il traquait, qu’il bâclait chaque enquête et qu’il allait chaque semaine sous ce pont où ils l’avaient trouvé. Comme prévu le petit avait été balancé dans la fosse commune et ce pont avait été le seul endroit qu’il avait trouvé pour lui rendre hommage. Pendant toute cette année il n’avait eu cesse de relire chaque terme du dossier, de retourner le moindre caillou sous ce fichu pont et de ressasser inlassablement le tout dans sa tête. Mais il fallait se rendre à l’évidence : il avait échoué. Échoué à sauver le gamin. Échoué à cracher sur le système. Échoué à cracher sur ses parents. Échoué en tant que flic.  Échoué à rendre la justice. Il n’avait qu’échoué. Il avait été naïf. Pitoyable. Il se haïssait.

Mais aujourd’hui il avait trouvé la solution.

 

            Et au cœur de la nuit. Sous une pluie battante, retentit sous un pont miteux une détonation. Et tant dit que se répandait son écho ; un corps heurta le sol.

Donc, commentaires. Bon déjà je dois dire que je suis plutôt satisfaite de l'attention que j'ai portée à l'atmosphère du récit. Je voulais vraiment quelque chose de très pesant, très lourd. Presque "touchable".

Sinon c'est vrai qu'il n'y peu ou rien sur les personnages. C'est volontaire. Bon déjà c'est un des éléments de la nouvelle mais surtout c'est que je n'aime pas faire de description pour juste faire une description. J'aime que ça ai un sens. Or là je n'en voyais pas. Et puis je trouves que ça donne un côté un peu plus mystérieux aux personnages et ça permet à chacun des les imaginer comme il le souhaite. Je ne sais pas si je ferais toujours cela, c'est vrai que c'est dans mes habitudes du moment mais ça peut changer. 

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